La Méta est Autre. Elle n’est pas de la nature des plages : elle forme la structure qui soutient l’ensemble du Mille-feuilles. S’y rendre fait appel à un mécanisme de déplacement sans rapport avec celui, inconscient, qui permet de se balader à travers l’espace, le temps et la couleur. Mais il n’y a rien de compliqué pour autant : il suffit de demander l’accès à voix forte, claire et polie, depuis n’importe quel endroit, avec une bonne raison de le faire. Le résultat donne l’impression d’être aspiré par le sable et le ciel en même temps.
L’endroit où logent les samaritains n’est pas tout à fait la Méta, mais n’est accessible que d’elle. Ils se sont construit sur une plage privée un vaste bâtiment tout en champs de force, de ce genre qui change de résistance et de couleur à la demande. C’est adorable, ça suce une énergie pharamineuse, et c’est heureux que nous ne soyons pas en pénurie malgré ce caprice.
Les samaritains forment un monde à part. Lorsqu’ils vous laissent les rejoindre, ils décident du point exact de leur ligne temporelle que vous serez autorisé à fréquenter. Quand ils en ont fini avec vous, ils vous renvoient au même endroit, au même moment où vous vous trouviez sur les plages. C’est rageant parce que, sans ça, on aurait un excellent moyen d’échapper à un danger imminent comme, oh, la Verte par exemple ?
L’ami de Zû nous reçut dans une pièce qu’il utilisait comme bureau, teintée de rouge sang et meublée de tableaux où se serraient des symboles mathématiques tracés de la patte de son assistante. Cette dernière, une hase mutée, fila préparer des tasses de myorelaxant dès qu’elle nous vit.
— Hey, Zû, ma chic fille. Bienvenue dans l’antichambre de la Méta. Qui t’accompagne ?
— Valer, je te présente Vesy. Vesy, Valer est enquêteur et vient de faire une découverte du genre intéressant.
— Fabriquez-vous des sièges ! Mon assistante n’en aura pas pour très longtemps.
D’ordinaire je tiens tout un discours sur les multiples façons dont l’hospitalité tue. Toutefois, la Méta est l’ultime zone de non-agression. Personne ne s’attaque aux gens de la Méta. La Dame ne laisse pas faire, et personne ne veut se mettre la Dame à dos. Non, moi non plus. Dans mon jeune temps j’ai essayé d’être plus malin que la bordel de gardienne omnipotente de la continuité temporelle, j’ai pris le retour de bâton et j’ai retenu la leçon.
Nous posâmes le sachet à échantillons sur la table entre nous. Vesy n’y toucha pas tout de suite. La hase revint avec nos boissons, alpagua notre loutre et l’invita du regard à se rendre dans une pièce à part pour nous laisser entre humains. Je fronçai les sourcils à l’intention de mes congénères. Le maître des lieux enjoignit les contractants à se retirer d’un coup de poignet désinvolte.
Je n’avais pas d’a priori négatif sur ce monsieur jusque là ; à présent, je ne savais pas encore quel morceau j’allais lui faire cracher, seulement que j’en avais très envie. Vesy daigna enfin examiner la saxifrage de plus près. Zû remit le rendez-vous sur les rails :
— Nous demandons une aide de la Méta pour cloner et garder en vie la lignée de l’individu végétal que voici, au nom de la conservation du patrimoine. Tes amis samaritains pourraient nous forger quelques composés ioniques ? Rien d’impossible : nitrate, ammonium, potassium, calcium, magnésium, hydrogénophosphate, sulfate, principalement.
— Pas de difficulté jusque là.
— Oh, et chlorure, ferreux, ferrique, trihydrogénoborate, manganèse, zincique, cuivreux, cuivrique, nickel, et molybdate.
— Ma chic fille, je suis certain que tu n’as pas gagné assez de Service pour t’offrir tout ça.
— M’offrir ? Mais pas du tout. Nous sommes en mission de conservation du patrimoine. C’est nous qui vous offrons l’occasion de faire une bonne action.
Leur conversation m’avait laissé sur la touche, quand bien même je comprenais où ma camarade voulait en venir. Je ne parvins pas à la rattraper quand elle dérapa. Vesy poursuivit :
— Tu sais, beaucoup de gens s’opposeraient à ce que nous ayons quoi que ce soit à faire avec la vie végétale.
— À cause de la Verte ? Comme si tout le monde ne savait pas que c’est une pure manipulation destinée à garder la population dans la peur et la docilité.
__ Pardon ? __
Quand même les méduses télépathes poussent des cris du cœur, on sait qu’une imbécillité vient d’être prononcée.
L’endroit où logent les samaritains n’est pas tout à fait la Méta, mais n’est accessible que d’elle. Ils se sont construit sur une plage privée un vaste bâtiment tout en champs de force, de ce genre qui change de résistance et de couleur à la demande. C’est adorable, ça suce une énergie pharamineuse, et c’est heureux que nous ne soyons pas en pénurie malgré ce caprice.
Les samaritains forment un monde à part. Lorsqu’ils vous laissent les rejoindre, ils décident du point exact de leur ligne temporelle que vous serez autorisé à fréquenter. Quand ils en ont fini avec vous, ils vous renvoient au même endroit, au même moment où vous vous trouviez sur les plages. C’est rageant parce que, sans ça, on aurait un excellent moyen d’échapper à un danger imminent comme, oh, la Verte par exemple ?
L’ami de Zû nous reçut dans une pièce qu’il utilisait comme bureau, teintée de rouge sang et meublée de tableaux où se serraient des symboles mathématiques tracés de la patte de son assistante. Cette dernière, une hase mutée, fila préparer des tasses de myorelaxant dès qu’elle nous vit.
— Hey, Zû, ma chic fille. Bienvenue dans l’antichambre de la Méta. Qui t’accompagne ?
— Valer, je te présente Vesy. Vesy, Valer est enquêteur et vient de faire une découverte du genre intéressant.
— Fabriquez-vous des sièges ! Mon assistante n’en aura pas pour très longtemps.
D’ordinaire je tiens tout un discours sur les multiples façons dont l’hospitalité tue. Toutefois, la Méta est l’ultime zone de non-agression. Personne ne s’attaque aux gens de la Méta. La Dame ne laisse pas faire, et personne ne veut se mettre la Dame à dos. Non, moi non plus. Dans mon jeune temps j’ai essayé d’être plus malin que la bordel de gardienne omnipotente de la continuité temporelle, j’ai pris le retour de bâton et j’ai retenu la leçon.
Nous posâmes le sachet à échantillons sur la table entre nous. Vesy n’y toucha pas tout de suite. La hase revint avec nos boissons, alpagua notre loutre et l’invita du regard à se rendre dans une pièce à part pour nous laisser entre humains. Je fronçai les sourcils à l’intention de mes congénères. Le maître des lieux enjoignit les contractants à se retirer d’un coup de poignet désinvolte.
Je n’avais pas d’a priori négatif sur ce monsieur jusque là ; à présent, je ne savais pas encore quel morceau j’allais lui faire cracher, seulement que j’en avais très envie. Vesy daigna enfin examiner la saxifrage de plus près. Zû remit le rendez-vous sur les rails :
— Nous demandons une aide de la Méta pour cloner et garder en vie la lignée de l’individu végétal que voici, au nom de la conservation du patrimoine. Tes amis samaritains pourraient nous forger quelques composés ioniques ? Rien d’impossible : nitrate, ammonium, potassium, calcium, magnésium, hydrogénophosphate, sulfate, principalement.
— Pas de difficulté jusque là.
— Oh, et chlorure, ferreux, ferrique, trihydrogénoborate, manganèse, zincique, cuivreux, cuivrique, nickel, et molybdate.
— Ma chic fille, je suis certain que tu n’as pas gagné assez de Service pour t’offrir tout ça.
— M’offrir ? Mais pas du tout. Nous sommes en mission de conservation du patrimoine. C’est nous qui vous offrons l’occasion de faire une bonne action.
Leur conversation m’avait laissé sur la touche, quand bien même je comprenais où ma camarade voulait en venir. Je ne parvins pas à la rattraper quand elle dérapa. Vesy poursuivit :
— Tu sais, beaucoup de gens s’opposeraient à ce que nous ayons quoi que ce soit à faire avec la vie végétale.
— À cause de la Verte ? Comme si tout le monde ne savait pas que c’est une pure manipulation destinée à garder la population dans la peur et la docilité.
__ Pardon ? __
Quand même les méduses télépathes poussent des cris du cœur, on sait qu’une imbécillité vient d’être prononcée.