|||| |||| |||| : Le Combat Eternel Connut Une Nouvelle Bataille

Le combat éternel connut une nouvelle bataille. La lutte entre la réalité et l’administratif ne s’arrêtera jamais.

Revenu à l’entrée, j’appris le nom de la secrétaire de direction, Eret Mancini, qui ne m’était d’aucune utilité particulière. Elle se disputa avec Isir sur le sujet de mon accès aux lieux, ils examinèrent les consignes d’acceptation, vérifièrent si je ne portais pas un gadget qui aurait perturbé l’organe de Service d’Isir, bref, firent à ma place l’enquête qui m’ennuyait d’avance.

Eret mit la main sur un nouveau jeu de données et de nouvelles consignes dont Isir, occupé par son boulot habituel, avait oublié l’existence.

— C’est une liste du personnel d’autres laboratoires. Valer, vous êtes dessus… Vous travaillez donc ailleurs ?

Je voyais venir la question suivante : comment ignorer qu’on ne se trouvait pas au bon endroit ? Si on se trouvait au bon, pourquoi ne pas fournir d’explication à sa présence au lieu d’imposer une vérification inutile au personnel ? Je tricotai un bobard.

— Écoutez, même pas. Depuis une semaine je reçois des messages de plus en plus pressants, m’imposant de venir réaliser un temps de travail en laboratoire sous peine de perdre mon Service, sans pour autant me préciser l’adresse ni le nom de mon prétendu employeur, pensez bien. Je me crois victime d’une arnaque, ou d’une de ces embauches abusives. Je cherche quel labo me fait ce coup. J’essaie celui-ci, j’entre ; je pensais être chanceux, je commence à me renseigner ; vous me tombez dessus. Et nous voici revenus à notre point de départ.

Eret et Isir ne s’intéressaient plus à mon histoire. Ils bloquaient sur les consignes. Laisser le libre-accès au personnel d’autres laboratoires était la porte ouverte à tous les vols, de matériel ou d’idées. L’assistante de direction émit une hypothèse :

— C’est peut-être lié au plan de rapprochement.

Je tendis l’oreille.

— Que voulez-vous dire ?

— Oh, Knizae rencontre beaucoup d’autres patrons et patronnes, ces temps derniers. Dans un milieu où on se parle peu, ça surprend. Il y a des rumeurs de fusion, mais ce serait bizarre, on ne comprend pas trop l’intérêt même pour les pontes.

— Auriez-vous une liste des laboratoires concernés par ce rapprochement ?

— Ce n’est qu’un on-dit. Non, je ne l’ai pas. Je sais avec qui ma patronne communiquait, en revanche.

— Vous accepteriez de me transmettre le relevé de leurs messages ?

— Sans problème ! Parce que tant qu’à faire, l’enquêteur, je vous embaucherais bien.

Je tiquai ; Mancini avait donc bien reconnu ma profession et mes mensonges mais ne paraissait pas mal les prendre. Elle poursuivit :

— Knizae est partie il y a trois jours, elle a dit qu’elle se rendait à une réunion et elle n’a jamais rappelé.

— Elle n’y serait pas arrivée ?

— Je me suis mal exprimée, j’ai eu confirmation qu’elle y était mais depuis silence radio, rien. Je ne sais même pas où elle allait ni qui elle rencontrait. Encore une fois, les rumeurs de fusion entre les laboratoires…

Eret alla me chercher une pile de documents et me les confia comme si elle espérait que j’allais les éplucher devant elle. Je les feuilletai histoire de la contenter.

Omi passa devant nous, rentrant la tête dans les épaules. Sa loutre ne l’accompagnant pas, j’en déduisis qu’elle l’avait laissée à son poste. L’assistante la salua du nom de Bhdra ; elle répondit avec un sourire gêné.

Minute. Un air de carpette pareil ? C’était bien Bhdra.



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