Même heure même endroit. La règle le précisait : sortant de la Méta, je ne pouvais revenir sur les plages qu’au point exact où je les avais quittées – même couleur, angle et numéro d’index. Pourtant il suffit d’une fraction de seconde à Omi pour m’échapper. Je soupirai, changeai de plage, et cherchai le numéro oryx.
Son laboratoire était un bâtiment en forme de pavé, aux murs blancs et aux fenêtres rares. Un agent de sécurité en gardait le portillon. Il discutait avec Omi, qui caressait distraitement la loutre sur ses épaules. Ils me saluèrent à mon arrivée.
— Isir, je te présente Valer. Il ne peut pas entrer mais il va m’attendre ici, vous pourriez faire connaissance ?
— Je ne suis pas la concierge mais je dois avoir un thermos de myorelaxant de reste.
— Super, merci beaucoup. Toi : ne te mets pas à hurler.
— Oh, je t’en prie, c’était juste une fois. Tu en as pour longtemps ?
— C’était il y a dix minutes. Je n’ai pas l’habitude de travailler sur des espèces vé… sur ce genre d’espèces, mais j’ai une idée de procédé à tenter. Une matrice extracellulaire en vaut une autre. Ça va marcher. À plus.
Omi tendit son bras à l’homme de la sécurité, qui y appliqua le sien. Les deux organes de Service communiquèrent et ma compagne put passer le portillon. Le dénommé Isir me fit ensuite signe de lui présenter mon propre membre, mais je déclinai.
— Je n’ai aucune accréditation pour cet endroit, ne perdons pas de temps.
— C’est la règle, mon vieux : si vous patientez ici, je dois vous enregistrer.
J’acceptai. Je sentis la puce chauffer sous ma peau sous l’interrogation du lecteur. L’agent eut une seconde d’arrêt.
— Vous avez une accréditation !
— Hein ?
— Écoutez, je ne vous ai jamais vu et je ne comprends pas, mais je suis censé suivre le système. Si vous accompagnez Bhdra et que vous êtes autorisé, je n’ai ni raison ni droit de vous retenir. Passez une bonne journée.
Il poussa le bouton du portillon. Je ne négociai pas davantage. Omi, surprise, attendit que je la rejoigne.
Ce qu’il fallait en déduire : pendant ma semaine de black-out, je m’étais fait embaucher ici. Nous ne savions pas encore si nous devions nous en inquiéter ou pas. Nous nous partageâmes les tâches : Omi gagna la station de travail de Bhdra, je me promenai en interrogeant tout le monde.
Certains endroits pompeusement intitulés laboratoires se rapprochent plutôt d’usines, qui produisent certes des biens à partir d’animaux mutés mais touchent à peine à la biologie. Ici, pas du tout : des techniciens s’affairaient sur leur console, torturant des brins d’hérédité de tous types, surveillant la cuisson de prototypes dans des matrices de croissance à l’odeur lourde. On parlait bien d’expérimentation génétique.
Je croisai la route du parc d’entraînement de l’entreprise, qui pratiquait aussi le dressage ; des sortes d’oursons maigrelets y déchiquetaient méthodiquement des mannequins. Je ne vis aucune loutre, posai la question, et me désolai de l’abandon du projet car Bhdra et les autres vivaient en grande partie des revenus de son brevet.
Tour des lieux fini, je n’avais repéré ni méduse, ni saxifrage. Plus curieux, personne ne me reconnaissait. Un travailleur inquiet contacta la direction, dont l’assistante me trouva occupé à jouer avec des clams multicolores et me confronta.
— Que faites-vous ici ? Qui vous a laissé entrer ?
— Bien le bonjour, je dois ma présence au gardien Isir, qui m’a identifié comme personnel autorisé.
— Impossible. Vous ne travaillez pas pour nous : je gère les embauches et les paies, je le saurais.
— C’est bien ce que je me disais aussi.
— Il faut qu’on éclaircisse ça. Venez avec moi.
Son laboratoire était un bâtiment en forme de pavé, aux murs blancs et aux fenêtres rares. Un agent de sécurité en gardait le portillon. Il discutait avec Omi, qui caressait distraitement la loutre sur ses épaules. Ils me saluèrent à mon arrivée.
— Isir, je te présente Valer. Il ne peut pas entrer mais il va m’attendre ici, vous pourriez faire connaissance ?
— Je ne suis pas la concierge mais je dois avoir un thermos de myorelaxant de reste.
— Super, merci beaucoup. Toi : ne te mets pas à hurler.
— Oh, je t’en prie, c’était juste une fois. Tu en as pour longtemps ?
— C’était il y a dix minutes. Je n’ai pas l’habitude de travailler sur des espèces vé… sur ce genre d’espèces, mais j’ai une idée de procédé à tenter. Une matrice extracellulaire en vaut une autre. Ça va marcher. À plus.
Omi tendit son bras à l’homme de la sécurité, qui y appliqua le sien. Les deux organes de Service communiquèrent et ma compagne put passer le portillon. Le dénommé Isir me fit ensuite signe de lui présenter mon propre membre, mais je déclinai.
— Je n’ai aucune accréditation pour cet endroit, ne perdons pas de temps.
— C’est la règle, mon vieux : si vous patientez ici, je dois vous enregistrer.
J’acceptai. Je sentis la puce chauffer sous ma peau sous l’interrogation du lecteur. L’agent eut une seconde d’arrêt.
— Vous avez une accréditation !
— Hein ?
— Écoutez, je ne vous ai jamais vu et je ne comprends pas, mais je suis censé suivre le système. Si vous accompagnez Bhdra et que vous êtes autorisé, je n’ai ni raison ni droit de vous retenir. Passez une bonne journée.
Il poussa le bouton du portillon. Je ne négociai pas davantage. Omi, surprise, attendit que je la rejoigne.
Ce qu’il fallait en déduire : pendant ma semaine de black-out, je m’étais fait embaucher ici. Nous ne savions pas encore si nous devions nous en inquiéter ou pas. Nous nous partageâmes les tâches : Omi gagna la station de travail de Bhdra, je me promenai en interrogeant tout le monde.
Certains endroits pompeusement intitulés laboratoires se rapprochent plutôt d’usines, qui produisent certes des biens à partir d’animaux mutés mais touchent à peine à la biologie. Ici, pas du tout : des techniciens s’affairaient sur leur console, torturant des brins d’hérédité de tous types, surveillant la cuisson de prototypes dans des matrices de croissance à l’odeur lourde. On parlait bien d’expérimentation génétique.
Je croisai la route du parc d’entraînement de l’entreprise, qui pratiquait aussi le dressage ; des sortes d’oursons maigrelets y déchiquetaient méthodiquement des mannequins. Je ne vis aucune loutre, posai la question, et me désolai de l’abandon du projet car Bhdra et les autres vivaient en grande partie des revenus de son brevet.
Tour des lieux fini, je n’avais repéré ni méduse, ni saxifrage. Plus curieux, personne ne me reconnaissait. Un travailleur inquiet contacta la direction, dont l’assistante me trouva occupé à jouer avec des clams multicolores et me confronta.
— Que faites-vous ici ? Qui vous a laissé entrer ?
— Bien le bonjour, je dois ma présence au gardien Isir, qui m’a identifié comme personnel autorisé.
— Impossible. Vous ne travaillez pas pour nous : je gère les embauches et les paies, je le saurais.
— C’est bien ce que je me disais aussi.
— Il faut qu’on éclaircisse ça. Venez avec moi.