|||| |||| |||| |||| |||| | : Oh Fermez-La Vous

— Oh fermez-la, vous.

J’enrageais de la révélation que je venais de subir, au point de ne pas bien maîtriser mon vocabulaire.

— Comment osez-vous ?

— La ferme ! C’est vil. C’est tellement vil que le mot « vil » en perd son sens. Si je me crois dans un conte de fées ? « Vous avez tué mon soleil et mon sol » ? D’où la Verte a-t-elle ce genre de références culturelles ? D’où elle s’exprimerait avec vos tournures précieuses ? C’est une grosse plante carnivore ! Espèce de salaud, montrez-vous, Koretti, ou quelque soit le nom que vous vous donniez maintenant !

La pseudo-Verte se figea. Elle reprit de sa chorale humaine :

— Bien sûr, vous n’avez aucune preuve de ce que vous avancez et ne sortirez jamais des entrailles de ce bel hybride végétal. Dommage pour vous.

Je gardai ma réponse pour moi et redirigeai ma hargne vers les muscles de mon cou. Donner un coup de tête attaché est plus difficile, mais pas impossible ; je lançai mon front en avant. Il rencontra le globe de verre de la saxifrage, qui se brisa sous le choc.

J’en attrapai un éclat du bout des dents et le plantai dans la liane la plus proche ; elle recula, toute la masse saisie du même choc. L’étreinte desserrée, je dégageai mes bras, chopai un deuxième bout de verre et continuai d’attaquer la plante.

La Verte légendaire résistait aux conditions mortelles des plages ; cette imitation-là n’était qu’un petit produit de laboratoire fragile qui n’encaissait pas les coups. Je repérai que la méduse n’attendait pas mon aval pour cramer les branches alentour à l’aide de toutes les saletés organiques secrétées par sa peau : la verdure devenait brune sous sa main. Je trouvai du réconfort là-dedans et tailladai le bordel.

Ce fut ma compagne qui trouva le centre nerveux de la plante, là d’où l’autre enflure de Koretti la contrôlait. Elle en extirpa une unité électronique et une antenne de métal. Les raisons de détester ce type s’empilaient : le métal est rare sur les plages, réservé aux usages où il ne peut être remplacé. Et Koretti s’en servait pour se débarrasser des gens dont la tête ne lui revenait pas.

Il utilisait même la peur de la Verte pour se débarrasser de ses adversaires ! Si j’avais su ce que j’avais vraiment en face de moi, j’y aurais flanqué des coups de chaussures au lieu de me laisser hypnotiser.

Nous dégageâmes les victimes de la pseudo-Verte dès que nous fûmes sûrs qu’elle n’était plus en état de se défendre. La plupart se trouvait en choc systémique ; un petit nombre put régénérer correctement. Ma maman ne se trouvait pas parmi eux. Évidemment : elle a été capturée par la véritable Verte. Je pris les plaintes des victimes en état de les donner par automatisme, histoire de garder mon calme quand l’envie d’anéantir l’autre enfoiré m’enflammait la raison.

Pour qui se prenait-il ? Ou se prenaient-iels ? J’oubliais peut-être trop l’input des autres personnalités fusionnées dans ces magouilles. Je décidai de réfléchir au partage de leur responsabilité quand je serais moins sur les nerfs.

Nous confiâmes les choqués aux bien-portants et rejoignîmes la plage sable. J’avais quelques éléments nouveaux à confier aux représentants du peuple sur cette affaire.



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